Jesus im Koran

JÉSUS dans le CORAN

JÉSUS DANS LE CORAN ET DIALOGUE INTER-RELIGIEUX

Après mûre réflexion, j’ai opté, pour le 1er éditorial de ce blog, partie II, de vous faire connaître très brièvement la place de Jésus, de Meriem « Marie », mère de Jésus, dans le Coran car l’un des sujets qui revient le plus souvent dans le débat entre musulmans et chrétiens porte sur l’œuvre et la personne de Jésus et de Marie. Malgré les débats, les confrontations et les impasses, quelques fois très virulents et enflammés, il faut noter que de très nombreux musulmans ignorent complétement l’histoire exceptionnelle principalement de Jésus et de Marie dans le Coran. De même, de très nombreux chrétiens ne connaissent tout simplement pas la véritable place que le Coran réserve à Jésus, à Marie et à d’autres hautes figures chrétiennes.

Il faut également souligner que les théologiens, les exégètes, les historiens musulmans, en général, n’ont pas su donner à la figure de Jésus tout l’éclairage qu’elle mérite surtout que cette figure est à coup sûr la plus fascinante qui soit dans le Coran, mais aussi la plus troublante, la plus énigmatique et la plus mystérieuse.

Les données coraniques relatives à Jésus et à Marie sont très nombreuses. Les noms de Jésus et de Marie sont bien plus présents dans le Coran que dans l’Evangile. Jésus est cité 35 fois, 27 fois par son nom Jésus (Issa), et 8 fois comme le Messie (Al Massih). Quant à Marie, elle est plus souvent citée dans le Coran que dans l’ensemble du Nouveau Testament, soit 34 fois contre seulement 19 fois dans les Evangiles et les Actes des Apôtres.

Jésus est présenté dans le Coran comme le Verbe de Dieu, sa Kalima (parole), son Souffle et son Saint-Esprit, rûh’ al-qudus (Coran II, 87) et le Messie (Coran III, 49). Dieu lui a donné les Preuves « Al Bainats » (Coran II, 253 ; XLIII, 63). Le Coran l’a cité au nombre des « plus proches » et des « intimes de Dieu », mugarrabun (Coran III, 45) et lui a conféré un énorme privilège, en le qualifiant de « Wajih », en ce monde et dans l’au-delà (Coran III, 45) ; ce qui implique le Verbe de Dieu, l’Esprit de Sainteté et la grâce d’intercession*(1).

Le Coran a conféré à Jésus l’insigne pouvoir de donner la vie (yakhluq) et de faire ressusciter (yuh’y), (Coran III, 49).

Le Coran confirme la conception miraculeuse de Jésus dans le sein virginal d’une jeune fille de Palestine, Marie. Autrement dit, Marie était vierge au moment de son accouchement de Jésus, (Coran 3, 45 à 47 ; 19, 22 à 26).

Toutes ces données affirment la suréminence de Jésus. A ce titre, tout musulman doit croire en Jésus et en sa mission et c’est une obligation liée à sa foi.

Si Jésus est exalté et vénéré dans le Coran, il n’en reste pas moins que cette figure exceptionnelle est chargée aussi de mystère et de troublantes interrogations qui se résument d’une manière catégorique en ces points essentiels :

  • Jésus n’est pas le Fils de Dieu ou plutôt, Dieu n’est pas le Christ même (Coran IX, 30).
  • Jésus n’est pas une divinité en dehors (ou en dessous) de Dieu (Coran V, 116/117). Le Coran présente le Christ, dès sa naissance, comme un serviteur « abd » qui vise à affirmer sa dépendance à l’égard de Dieu. *(2)
  • Jésus n’est pas la troisième personne d’une triade (Coran V, 73, Coran IV, 171)
  • Le Coran rejette la crucifixion de Jésus, il n’a pas été expiré sur la croix puisque Dieu l’a soustrait à ses bourreaux et l’a élevé vers lui (l’Ascension), (Coran, III, 55 ; IV, 157, 158).
 
Ces formulations ne laissent aucune place ni au doute, ni à l’interprétation.
 

Nous ne voulons engager ni les musulmans ni les chrétiens dans des discussions stériles, des controverses et des interprétations qui ne font que diaboliser l’autre au lieu de le rapprocher. Notre propos sert uniquement à tourner la page de la méfiance et du rejet afin d’ouvrir une nouvelle page de concorde, de respect mutuel et de reconnaissance mutuelle l’un envers l’autre.

Dans le contexte de mondialisation migratoire et économique qui est désormais le nôtre, les relations entre l’Islam et le Christianisme ont pris un tour passionnel inédit qui requiert la mise en place urgente de conditions crédibles et bienveillante de dialogue.

Nous avons tous nos références, nos cités idéales et nos âges d’or. Le temps est venu aujourd’hui pour enrichir nos consciences pour être capable de traverser le labyrinthe des blessures et des rancœurs accumulés par l’histoire et de participer au drame de ce monde

Le dialogue est donc décisif, constructif, créateur. L’Islam et le Christianisme sont en mutation profonde. S’ils veulent vraiment se réformer et sonder ensemble les desseins du Dieu d’Abraham, dieu commun aux trois religieux, une volonté de dialogue devra animer de plus en plus les musulmans et les chrétiens, pour faire le chemin ensemble dans le respect, la dignité, la bienveillance et la compréhension mutuelle.

Parler de l’histoire de Jésus, cette grande figure exceptionnelle de la bible, que l’islam exalte et vénère avec prédilection, telle qu’elle est racontée dans le Coran ne peut être qu’un élément de rapprochement entre chrétiens et musulmans.

Ces derniers temps, un écho favorable au dialogue chez certains théologiens, exégètes, philosophes musulmans et chrétiens est perceptible et ouvre des perspectives prometteuses et encourageantes.

Il est évident que les textes ne sont pas intangibles, tout dépend de leurs interprétations. Plusieurs affirmations coraniques et bibliques sont proposées comme un sujet de réflexion pour les musulmans et les chrétiens pour provoquer une vraie réflexion humaine, plutôt que de fournir des réponses intangibles. Une exigence d’une sagesse pratique est une condition sine qua non de porter l’espoir non naïf d’avancer significative dans la révision critique et progressive des textes qui va de pair avec le même idéal, les mêmes valeurs de dignité, de paix et d’amour pour l’humanité.

Pour terminer, nous ne pouvons évidemment pas passer sous silence l’œuvre monumentale sur la pensée chrétienne et l’Islam de ce prêtre éminent Youakim MOUBARAC*(3) qui a poussé jusqu’au bout la logique visionnaire qui est la sienne en concluant sa pensée salvatrice par ces deux phrases fortes : « La Mekke étant pour l’Islam une Qibla provisoire, Jérusalem est pour lui Qibla en espérance. Sa sacralisation de l’Esplanade du temple comme un espace nu, qui est un rejet sans appel de l’Ancienne Alliance, est un défi lancé à la Nouvelle, non sans un secret désir après la table qui fut pour les Disciples plus qu’une promesse et autour de laquelle les convives sont appelés d’Orient et d’Occident.

Si on peut ainsi dire que le Judaïsme est au passé du Christianisme, l’Islam devrait être entrevu, sous forme d’un défi lancé en lieu et place de l’universalité des religieux et des peuples, comme à l’avenir de la Chrétienté. »

Jalal Boubker Bennani

INFORMATION SUR LA SOURCE

  1. JÉSUS, une grande figure biblique du Coran, par Rachid Lazrak, éditions l’Harmatan.

  2. Ces deux versets essentiels sont tirés de la cinquième sourate du Coran. C’est l’une des trois sourates qui parlent beaucoup de la vie de Jésus et de Marie. Elle fut révélée à Médine et se concentre sur l’unicité de Dieu, tout en rejetant toutes les formes de polythéisme, la trinité, l’attribution d’associés à Dieu et la possibilité qu’Il ait des égaux.

  3. Youhakim MOUBARAC, 1924/1995, prêtre maronite libanais, éminent islamologue, penseur et théologien. « Abraham dans le Coran », éditeur : VRIN.

5 1 voter
évaluation
TEST SASCHA
Notifier de
guest
1 Commentaire
Feedback en ligne
Voir tous les commentaires
Alexandra
Alexandra
1 année il y a

Test

Commentaires récents

Emmanuel Macron

« Se trouver en humanité…,
c’est le respect de l’Autre…,
c’est l’altruisme »
Henri Bergson, philosophe

Read More »

Réinventer Toumliline

Le vivre ensemble des personnes d’opinions et de convictions différentes est en péril. Une proposition afin que l’esprit né à Toumliline souffle à nouveau pour retrouver son rayonnement, sa grandeur, sa générosité et son inventivité

Read More »
1
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x